La pièce
Publiée à Prague et créée en 1989, elle n’a jamais été jouée en France. La trame s’inspire du Joueur de flûte de Hamelin, conte très connu dans les pays germaniques et de l’Est. Elle s’en inspire très librement pour mieux le détourner, le retourner. Elle offre un premier niveau de « lecture » où le fantastique médiéval domine : du rythme, de l’action, des personnages typés, en costumes, dans une ambiance lumineuse et sonore riche. Le second niveau de lecture place le spectateur plus affûté au cœur d’une problématique tragiquement d’actualité, car intemporelle : le libre-arbitre de l’être humain. Dès lors apparaissent la duplicité des personnages, leurs compromissions, les secrets et mensonges qui les rongent. Comme dans tout drame classique, un personnage est le deus ex machina, l’instrument du destin qui précipite les protagonistes dans la tragédie, inéluctable.
L’auteur
Daniela FISCHEROVA, née en 1948 à Prague, est une dramaturge tchèque réputée. Elle est issue d’une famille cultivée. Son père, qui était un compositeur reconnu, lui a probablement donné le sens du verbe et du rythme qui caractérisent son écriture. Elle compte parmi les dramaturges les plus importants de la « nouvelle vague » tchèque. Elle a également écrit des scenarios de films dont Les petites marguerites de Vera Chytilova et publié des livres pour enfants. Elle fait partie de la relève des dramaturges tchèques qui ont succédé, après 1968, à la génération de Havel, Topol, Kundera, Kohout. Son œuvre est imprégnée de la culture de la Bohème, située aux confins de l’Europe centrale et de l’Europe occidentale.
La traduction
L’écriture de Fabula est ciselée, précise ; les dialogues sont percutants ; l’ironie est toujours présente. La traduction donne à entendre cela clairement et naturellement : fluidité du style, rapidité des répliques, richesse de la pensée.
Ginette VOLF PHILIPPOT a en effet longtemps baigné dans l’univers théâtral tchèque, avec notamment les compagnies Petr Bezruc d’Ostrava et Cinoherni Klub de Prague. Veuve du comédien tchèque Rosta VOLF, elle était à ses côtés dans l’aventure du théâtre tchèque des années 60, ce jusqu’à l’invasion soviétique de 1968.
Notre spectacle
Notre spectacle se présente sous la forme d’une légende médiévale : costumes, lumières, décors, musique originale y tiennent une grande place. Un jeu épuré et intense, moderne, au service des personnages et porté par la langue claire et forte de l’auteur et sa traductrice. Elle permet au spectateur de comprendre (prendre-avec), d’entendre le propos de Fabula. Chacun « lira », la pièce à son niveau : artistique, culturel, social, politique (au sens la politique = polis, la vie de la cité).
Du rythme, de l’action, du mystère … Cinq comédiens sur le plateau font vivre Fabula, très librement inspirée du Joueur de flûte de Hamelin. L’action se situe dans un Moyen-Age imaginaire, où la légende a la part belle :
un bien fort « medium » au service des valeurs défendues par l’auteur ! La tolérance, la générosité, l’équité … servies par des personnages empreints d’humanité et déchirés par leurs contradictions. Dès lors, le propos de Fabula est universel et intemporel : le libre-arbitre !
Dans le bourg de Hamelin arrive un jeune couple d’étrangers, d’abord bien accueillis, puis transformés en boucs-émissaires. Dénonciations, crime… Chacun des personnages principaux a fait des compromis, a passé un pacte pour sauver un être cher de la mort. Mais jusqu’où est-ce acceptable ? Et est-ce acceptable ? Les villageois sont manipulés par une religion qu’ils pensent être « la » religion, belle et juste, mais qui a été dévoyée et, aujourd’hui envoie ses propres enfants à une mort atroce : dévorés par les rats … L’Homme (de toutes les couleurs !) qui en est l’agent, se révèle au fur et à mesure un vil manipulateur. L’abbé, bourgmestre du village, tente de préserver la paix, la concorde. En vain. Sans révéler tous les éléments de l’intrigue, ajoutons que la sorcellerie et le démoniaque y jouent aussi leur rôle … à moins qu’ils ne soient que des avatars de la complexité humaine …
Il y a donc plusieurs niveaux de lectures possibles.
Au prime abord, une « histoire » médiévale, pleine de … bruit et de fureur … de retournements de situation, de personnages étranges … qui sera appréciée de tous publics. Ensuite, une réflexion sur le libre-arbitre, la manipulation mentale, le dévoiement de la religion (ici, la religion chrétienne, catholique, avec l’Inquisition médiévale) jusqu’au sacrifice des plus fragiles, les enfants.
Ce projet, dont nous rêvions depuis deux ans, est devenu artistiquement incontournable ; culturellement et socialement il est « rattrapé » par une actualité dans laquelle son caractère intemporel, son propos humaniste lui confèrent une force dramatique (théâtrale) incontestable.
Un dossier pédagogique avec nos références (cinéma, peinture, histoire, musique sur instrument original, le cristal Baschet) ; lecture d’extraits en médiathèque, par exemple, a été constitué.
Note d’intention du metteur en scène
Septembre 2016
Je connais le texte de Fabula depuis sa parution en France en 1990. J’ai, en quelque sorte, cheminé en sa compagnie : en tant que lectrice, en tant que spectatrice d’un spectacle attendu puis rêvé… finalement en tant que comédienne et metteur en scène. Depuis deux ans, je réfléchis, j’imagine, je rêve encore… Au gré de mes rencontres artistiques, l’image se dessine, s’enrichit, devient plus nette. Bref, le projet devient artistiquement incontournable ; culturellement et socialement il est « rattrapé » par une actualité dans laquelle son caractère intemporel, son propos humaniste lui confèrent une force dramatique (théâtrale) incontestable. En naît une sorte de nécessité, d’urgence à concrétiser le projet : un spectacle attrayant et accessible à tout public, racontant « la légende », mais surtout un deuxième niveau de lecture, plus exigeant et brûlant d’actualité. Fabula a été écrite dans un contexte géopolitique et historique donné. Cependant l’histoire se situe dans un Moyen-Age imaginaire, où la légende a la part belle :
un bien fort « medium » au service des valeurs défendues par l’auteur ! La tolérance, la générosité, l’équité … servies par des personnages empreints d’humanité et déchirés par leurs contradictions. Dès lors, le propos de Fabula est universel et intemporel.
Les personnages
Comme dans tout drame classique, un personnage est le deus ex machina, l’instrument du destin qui précipite les protagonistes dans la tragédie, inéluctable. Cinq personnages principaux, soutenus par un choeur de villageois, font vivre l’histoire : Johan von Gratz (grand jeune homme, plein de dignité), Marguerite von Gratz (frêle jeune femme candide), L’abbé (jeune quinquagénaire imposant par sa stature et sa voix), L’homme en gris, en violet, le joueur de flûte (sans âge, léger et dynamique mais ambigu), Gudrun (maîtresse femme quinquagénaire, ambiguë).
Équipe 2016 – 2018
Toutes les informations à jour (CV, book, démos) peuvent être obtenus directement auprès des artistes (sur leur site) ou de leurs agents, et auprès des techniciens.
COMÉDIENS
ÉQUIPE TECHNIQUE
Scénographie
Eléments techniques : La scénographie recrée une profondeur arrière, un lointain par la lumière, la projection de l’ombre d’objets derrière un tulle. La lumière prend en compte l’univers médiéval, en recréant l’éclairage à la bougie (selon normes de sécurité en vigueur). La scénographie initiale, conçue pour une scène de 10m d’ouverture et 7m de profondeur, se décline dans une petite forme, plus intimiste. Durée du spectacle : 1h 30.
Scénographie, mise en scène et direction d’acteurs contribuent à proposer un spectacle dynamique, mettant en valeur le propos porté par la langue claire et forte de l’auteur et de sa traductrice, ceci sans l’alourdir et loin de tout pathos. La mise en scène guide les comédiens vers un jeu épuré et intense, moderne. La direction d’acteurs privilégie les émotions et donne à entendre clairement le texte. Des costumes intemporels, sobres ; un minimum d’accessoires pour mettre en valeur la spécificité de chacun des personnages. Une musique originale, créée spécialement pour Fabula, sur un instrument original, le cristal Baschet (voir biographie du musicien) participe aussi à l’étrangeté de l’ambiance. Chaque spectateur « lira », la pièce à son niveau : artistique, culturel, social, politique (au sens la politique = politis, la vie de la cité). Ce n’est pas une reconstitution historique mais la création d’un univers intemporel dont le spectateur pourrait vivre aujourd’hui les bouleversements, dont il pourrait rencontrer les personnages… à cela près qu’il s’agit ici d’un monde où le magique existe.
Le décor propose un lieu unique : la place du bourg, où se déroulent tous les événements bouleversant l’harmonie et l’équilibre de ce village prospère. Les spectateurs se trouvent face à cette place, les portes de la ville étant ouvertes. A jardin : on devine l’arrondi des remparts protégeant les maisons du bourg. A cour : l’église, avec son confessionnal et la cellule de l’abbé. Au centre du plateau, le maelström de toutes les tensions : la chaire de l’abbé, le siège du conseil des échevins… c’est là que sont commis les agressions, les crimes.
Cinq personnages principaux font vivre l’histoire, soutenus par un chœur de villageois. Ce chœur « vit » grâce à l’animation des comédiens (masques/voix). Un dispositif scénique spécifique assure sa présence permanente en scène, rendant évidents son caractère troublant et sa participation à l’action : une structure portant les masques symbolisant le chœur permet aux acteurs de décrocher des masques ou de jouer avec leur présence fixe. Ainsi le chœur épie-t-il continuellement les faits et gestes de chacun dans le bourg. Les comédiens prêtent de nouvelles voix, grotesques, paillardes, à ses commentaires triviaux ou humoristiques.
Le spectateur est placé à la porte de la ville, en observateur, dans l’attente d’y pénétrer. La première entrée des personnages se fait depuis les gradins, intégrant ainsi le public dans un espace entre la ville (la scène) et l’extérieur. Au final, le spectateur est exclu de cette histoire, la ville se fermant devant lui.
Extraits vidéos de « Fabula » en résidence
Répétitions novembre 2016
Si vous souhaitez en savoir plus, un diaporama musique, costumes, décors, lumière a été fait lors de notre travail en résidence sans les voix… mais dans l’ambiance !
« Fabula » 1 : Des enfants, Mon Dieu, tous ces enfants ! (youtube.com)
« Fabula » 2 : Et il te laisse accoucher dans la boue comme une chienne ? (youtube.com)
« Fabula » 3 : Bélial, Bélial, le feu du sang (youtube.com)
« Fabula » 4 : Mon père, êtes-vous là ? (youtube.com)
« Fabula » 5 : Chacun est l’artisan de son bonheur … (youtube.com)